Selon Akira Inumaru, le rôle de la lumière est à la fois essentiel et modeste, ce qui n’en facilite pas la définition. Elle ne possède pas dans sa culture le caractère céleste et divin que l’on peut lui attribuer en Europe, où elle distingue le bien du mal, où elle s’oppose à l’ombre. Au Japon, le bon et le mauvais ne sont pas des valeurs essentielles ; il n’existe pas de séparation morale entre ce qui est dans l’ombre et ce qui est éclairé ;ombre et lumière ne s’opposent pas ; bien au contraire, elle se mélangent. La lumière engendre la vie et suscite la vie et suscite la beauté dans le monde végétal, elle contient tous les mystères du monde. Elle nous rend les choses présentes, mais d’une présence insaisissable et sans cesse changeante, et c’est précisément ce qui intéresse l’artiste dans cette nouvelle série d’œuvres.
En effet, ayant appris à aimer les jardins, il les regarde pour s’étonner de tout ce qui dans l’instant semble immobile mais est en fait bruissant et mouvant sous l’action de la transformation de l’énergie lumineuse en énergie vivante. Il s’est donc installé dans le jardin de sa famille près de Tokyo, là où s’exprime toute l’humidité sensuelle d’un été bercé par la mousson. Assis au milieu de la végétation du lever au coucher du soleil et sans chercher un point de vue singu-lier, il restitue non ce qu’il voit, mais plutôt ce qu’il ressent heure après heure, dans le passage du jour qui s’alanguit jusqu’à l’autre monde de la nuit. C’est dans les heures les plus sombres que les différences sont les plus affirmées. Face à ces œuvres, le spectateur éprouve alors la perception de l’impalpable climat des ambiances restituées, bien au-delà de ce qui pourrait être représenté. Conforme au ressenti, la nuit vaut pour le jour quand on se laisse saisir dans le lent glissement d’un plaisir visuel inédit.
Ainsi pour inaugurer la saison, la galerie Terrain Vagh ouvre ses portes au Soleil Levant en accueillant ce jeune artiste japonais et est très heureuse de proposer à ses visiteurs cette toute nouvelle série Jour et nuit, peinte cet été spéciale-ment pour l’exposition. Cet ensemble de quinze peintures sur toile, conçues comme autant de portraits de la nature, de l’espace, de la lumière et du temps entre le lever et le coucher du soleil, sera accompagnée de deux grandes toilesde la série Cimes et Racines exposée à l’Abbatiale Saint-Ouen à Rouen d’avril à juin dernier, ainsi que de trois œuvresinédites sur papier de la série Distillation solaire.