Jean-Claude Bobin
Ses talismans de vie et de nature

Saisissant d’impact, âpre et fort, l’Autoportrait au fusain de 1973 donne le ton à l’œuvre entière de Jean- Claude Bobin, disparu le 4 mai 2021.
L’exposition de la Galerie Terrain Vagh, dans une rétrospective dense et resserrée, montre à l’envi les pre- miers et les derniers tableaux de ce très puissant créateur.

Du corps au paysage, et du visage aigu à la chair vive, infinis sont les passages en ce pays d’art solaire.
À la fois rude et tendre, à la fois libre et maîtrisée, la figuration la plus expressive, toujours chargée d’émo- tion, est son intime territoire de création. Les maîtres italiens d’antan, après deux voyages initiatiques dans sa jeunesse, pourraient être une source inoubliée. Mais l’impact pictural créé, lourd d’affect et riche de tension, d’incandescence et de fine sensibilité, lui est tout à fait singulier, dans un dialogue constant avec la nature qui l’environne et le féminin profond de l’humanité.
Hanté de pure peinture, Jean-Claude Bobin s’étourdit de couleurs, de chaleur et de lumière. Il aime les clartés assourdies, pénétrantes et vibrantes. Nourri de paysages sublimés, il donne surtout à voir des rêves de chair et de mémoire vraie. Il peint les êtres comme des talismans essentialisés, chargés de lourds pigments, et comme vécus du dedans. Ses visages, d’une sidérante proximité et d’une présence inouïe, montrent un constant dialogue d’altérité, un échange secret de vie partagée.
Ses paysages peints, vus souvent du côté de Puteaux ou du Médoc, restituent l’âme d’un visible où la présence humaine, heureuse et dense, est prégnante. Peinture de constante profusion de signes et de couleurs vibrantes, quand même des espaces d’extrême respiration sont créés. L’amertume des choses est chez lui balayée, et l’espace tout entier respire.
Sensuelle et fluide peinture, riche d’épaisseur mentale.

Christian Noorbergen